C'est la danse d'une musique, LA SALSA ?

La première question à laquelle il faut répondre est : est-ce qu'il existe une musique qui porte le nom de salsa ? Question qui peut paraître incongrue pour un non-initié mais qui prend tout son sens lorsque l'on apprend à découvrir la richesse de cette musique.

D'abord, certains musiciens, tel que Tito Puente, n'ont jamais accepté la dénomination "salsa" pour la musique qu'ils jouent. Pour lui, il joue tout simplement différents rythmes afro-caribéens tel que le son montuno, le guanguanco, le boléro, la guaracha, la guajira... L'utilisation du mot salsa (sauce en français) ne serait qu'un subterfuge marketing inventé dans les années 70, pour vendre les disques de la maison Fania.

Tout ceci est vrai... et faux. Effectivement, on ne parle pas de salsa avant les années 70. Cependant, bien avant cette époque, une évolution musicale se dessine, faite d'inspiration et de fusion entre des rythmes traditionnels de Cuba (rumba, son...), de Porto-rico (bomba, plena)... et de swing des big bands américains. D'ailleurs, dans les années 50, certains musiciens navigueront sans mal entre les orchestres afro-caribéens et ceux de swing traditionnel. Ainsi, même si la structure rythmique est bien inspirée d'éléments traditionnels, l'évolution de la composition des orchestres (l'apport des sections cuivres par exemple) et des orchestrations vont former une musique qui n'avait jamais existé avant.

Ainsi, il est bien difficile, voire impossible, de dire quand est née la salsa et d'où elle vient. Affirmer qu'elle vient de Cuba est plus que réducteur puisque les musiques cubaines ne sont qu'une des influences de la salsa. Simplement, ce que l'on peut dire sans soulever de polémique, c'est que l'on doit sa naissance au métissage de diverses cultures suite à la colonisation des îles des Caraïbes où vont fusionner les percussions africaines et les mélodies et instruments "européens". Puis, un subtile échange et mélange va avoir lieu avec le swing des big bands soit par le fait que ces îles étaient des lieux de vacances pour les américains dans les années 40-50, soit parce que les émigrants cubains et portoricains vont rejoindre les Etats-Unis, notamment New-York.

A la fin des années 40, et dans les années 50, alors que des orchestres dits "traditionnels" principalement d'origine cubaine (Orquesta Aragon, Benny More...) diffusent leur musique (son, boléro, rumba...), des grands orchestres américano-afro-caribéens vont populariser le mambo et le cha-cha-cha (parmi eux, Machito, Perez Prado, puis Tito Puente...).

Dans les années 60, un style fait son apparition et devient très populaire auprès des jeunes émigrés cubains et portoricains qui y trouvent une alternative au rock et au twist : le boogaloo.

Enfin, durant les années 70, deux producteurs de génie, Johnny Pacheco et Jerry Masucci, ont l'idée de regrouper sous un label unique, la Fania, tous les meilleurs musiciens du moment (Willie Colon, Hector Lavoe, Celia Cruz, Ray Barretto, Joe Bataan, Pete (El Conde) Rodriguez, Ismael Miranda, Johnny Colon, Ruben Blades, Roberto Roena, Bobby Valentin,....). A partir de cette époque, on va parler de salsa, effectivement pour faire vendre cette musique, mais aussi parce que, même si cette musique repose sur des bases rythmiques connues, ses arrangements, ses orchestrations et ses textes vont lui donner une "forme" et un "goût" nouveaux.

Depuis, cette musique continue d'évoluer dans diverses directions. Si bien qu'aujourd'hui, il est difficile de parler d'une seule salsa. Sans exhaustivité, on peut citer les courants principaux suivants :

Salsa "dura" ou "gorda", c'est à dire dans l'esprit des années 70.

 
Exemples en MP3 (environ 260 Ko par morceau)
 

Salsa des années 70 : Mi gente - Fania All Stars

  Salsa de Porto-rico : Un verano en nueva york - El gran combo
  Salsa dura actuelle : En gran dia en el barrio - Spanish harlem orchestra
   
Salsa colombienne ou boogaloo colombien
  Arranca en fa - Sonora Carruseles
   
Nouvelle salsa cubaine ou Timba
  Temba Tumba Timba - Los Van Van
   
Salsa romantica  
  Necesito amarte - Marc Anthony

Maintenant, dans nos soirées, on danse la salsa aussi bien sur du mambo que sur de la salsa dura, timba, colombienne ou romantica. Tout est une question de goût et d'envie.

 

 

Petite explication musicale

Ce qui réunit toutes ces salsas, c'est une structure musicale de base. En simplifiant très fortement, on peut dire que la majorité des salsas citées ci-dessus sont construites autour d'un instrument de base : la clave, deux morceaux que bois qui s'entrechoquent pour établir un schéma rythmique sur 2 mesures de 4 temps. Par exemple, la partition suivante représente une clave dite "2-3", la plus fréquente dans les salsas actuelles.

Extrait musical d'exemple en MP3
tiré de l'excellent CD de Timing de
Lautaro Ariño de Sacuye Latin dancers.
Visiter son site perso : bailattelo.com

Tous les instruments de l'orchestre vont baser leur jeu sur ce schéma rythmique. Par exemple, sur les partitions suivantes, les jeux de la cloche, des congas et de la basse.

Ainsi, un "cycle" musical s'établit toutes les 2 mesures, c'est à dire tous les 8 temps (2 x 4 temps). Appelons ce "cycle" la phrase musicale. Quelle que soit la façon de danser la salsa, le pas de base s'effectuera sur une phrase musicale de 8 temps.

Extrait musical d'exemple en MP3
tiré de l'excellent CD de Timing de
Lautaro Ariño de Sacuye Latin dancers.
Visiter son site perso : bailattelo.com

 

 

 

Les diffErents styles de danses

Avant tout, il faut être très clair : il y a autant de façon de danser la salsa qu'il y a d' endroits au monde où on la danse. Cependant, au sein du monde des cours de danses, il existe quelques familles de fait qu'il est intéressant de connaître lorsque l'on désire s'inscrire dans une école ou une association.

Ce qui distingue ces familles c'est :

- les temps sur lesquels on effectue le pas de base
- le déplacement des danseurs dans l'espace et les techniques utilisées, notamment pour les tours.


 

La famille la plus répandue en France est la salsa dite "cubaine" :

Ce style se caractérise par des déplacements "circulaires" de la danseuse autour du danseur, notamment le changement de place de base que l'on nomme le "Dile que no". Les tours s'effectuent la plupart du temps par de petits pas marchés. On peut également remarquer les nombreuses figures faites "d'emmêlage" de bras très complexes.

Le pas de base est effectué généralement sur le 1er temps (c.f. explications sur la salsa "portoricaine") ou sur le 3ème temps (plus rare en France).

Ce style est également pratiqué à plusieurs couples en formant un cercle, les danseurs effectuant les figures de façon synchronisée à l'appel d'un "chanteur" qui les annonce : c'est la "Rueda de Casino". Les figures donnent souvent lieu à des échanges de cavalières.

 

La famille appelée en France la salsa "portoricaine" :

Cette terminologie n'existe qu'en France. Elle avait pour objet de différencier une manière de danser de la salsa "cubaine". En fait, il existe plusieurs styles au sein de cette famille mais ils ont tous des éléments communs :

- les couples se déplacent sur une ligne de danse, notamment grâce à la figure de base appelée
"Cross body lead"
- les danseurs peuvent effectuer des tours multiples sur une seule mesure de 4 temps en s'appuyant sur une jambe
- pendant la danse, le couple peut se séparer pour effectuer des "libres" (jeux de pieds, attitudes...) appelés "shines".

Malgré ça, on peut dégager 3 grandes familles principales à partir de 3 façons différentes d'effectuer le pas de base.

La famille du "On 1" (sur le 1)

Ce terme de "On 1" signifie que le "break" du pas de base et le déclenchement des tours et des déplacements sont effectués sur le 1er temps de la phrase musicale. Autre trait commun : le cavalier démarre la danse vers l'avant.

Comme le montre le schéma de droite, où le bleu foncé montre le pied supportant le poids du corps et le bleu clair l'autre pied, dans la famille du "on 1", on avance le pied et l'on y porte son poids de corps sur le temps 1 de la phrase musicale (on appelle ça le "break").

A l'intérieur de cette famille, on retrouve différents styles de danse : le "Los Angeles Style" fait de figures acrobatiques et spectaculaires, le "London style" fait de figures subtiles et complexes, et maintenant le style Parisien issu d'un mixage entre les principes de la salsa "portoricaine" et les figures de salsa "cubaine".

Parmi les danseurs de "On 1" très connus, on peut citer : les frères Vasquez (Francisco, Johnny et Luis), Super Mario, Leon Rose...

La famille du "On 2" (sur le 2)

En fait, cette famille dont la particularité est d'effectuer le "break" du pas de base sur le 2ème temps de la phrase musicale et de faire généralement démarrer la danse des cavaliers vers l'arrière, se divise en deux grandes sous-familles où les façons de compter et les temps de déclenchement de certains mouvements sont différents.

Le On 2 Palladium

C'est celui qui se rapproche le plus du "On 1" : c'est le même pas décalé d'un temps. Les danseurs de Palladium comptent 2, 3, 4 - 6, 7, 8.

Sur le temps 2, le danseur commence pied droit en arrière, pour revenir ensuite et marque une pause sur le temps 5.

Parmi les danseurs de On 2 Palladium très connus, on peut citer : Cliford et Valérie de Salsabor.

 

Le On 2 Eddie Torres ou New York style

Inventé par le danseur de légende Eddie Torres, ce style se différencie par un pas de base particulier. Les danseurs marquent le 1er temps sur place avec le pied gauche puis reculent le pied droit sur le 2ème temps. On "break" bien sur le 2 mais on commence à danser sur le 1. L'autre particularité c'est qu'il n'y a pas vraiment de "temps mort", c'est à dire que sur les temps 4 et 8, le pied libre est en l'air, en déplacement.

Ce pas de base donne une certaine fluidité et continuité à la danse différent du On2 Palladium plus explosif.

En plus d'Eddie Torres, pratiquant ce style, on peut citer : Frankie Martinez, Nelson Flores, ...